Notes du Traître : figures du critique et du traducteur dans le roman contemporain

- Claire MAUSSION -



Si le lettré est celui qui lit des textes, les rassemble, les édite, les commente, les interprète, les transmet aux générations futures et produit à son tour d'autres textes, « quelqu’un dont l’existence physique et intellectuelle s’ordonne autour des textes et des livres : vivant parmi eux, vivant d’eux, employant sa propre vie à les faire vivre et, en particulier, à les lire [1] » selon la définition proposée par William Marx, le critique, l’éditeur et le traducteur méritent sans doute ce qualificatif, peut-être davantage encore que l’écrivain. Car s’il y a des auteurs qu’on ne peut qualifier de lettrés, que serait un critique ou un traducteur qui ne se consacrerait pas à la lecture, l’étude et la transmission des textes.

Nous nous proposons d’analyser la mise en fiction de ces deux figures dans le roman contemporain français, à partir de L’Œuvre posthume de Thomas Pilaster [2] d'Éric Chevillard et de Vengeance du traducteur [3] de Brice Matthieussent. Le roman de Chevillard se présente comme l’édition critique d’un recueil de textes de l’auteur fictif éponyme (nouvelle, extrait de journal, pièce, récit policier, poèmes) tandis que Vengeance du traducteur met en scène les relations complexes entre le traducteur et l’auteur qu’il traduit. Le narrateur traduit en effet un roman américain intitulé Translator’s Revenge dans lequel un auteur français, Abel Prote, entretient des relations complexes avec David Grey, le traducteur de son roman intitulé (N.d.T). Prote demande entre autres à son traducteur de transposer son roman de Paris à New York. Auteur et traducteur vont alors échanger leurs appartements et leurs conquêtes féminines. Avec comme conséquence, une inévitable dégradation des liens qui unissent normalement l’auteur et son traducteur.

Ces deux romans mettent en fiction ces figures de l’ombre et leurs rapports complexes et ambigus avec l’auteur qu’ils traduisent ou éditent. Que nous révèlent ces personnages voués à la marge sur l’attitude lettrée ? Si la plupart des lettrés que décrit William Marx ont sacrifié leur vie pour faire entendre la parole d'autrui, ceux de nos fictions d’édition ou de traduction se rebellent, refusent de rester dans la marge et cherchent à faire entendre leur propre voix.


Éditeur et traducteur, des personnages à la marge


Dans ces deux romans, éditeur et traducteur sont des personnages secondaires, à la marge de la société ou du récit. Marc-Antoine Marson, qui édite et commente les textes de Thomas Pilaster, est un personnage d’écrivain raté, frustré et jaloux de l’auteur qu’il édite. Dans la longue liste de ces œuvres, il mentionne deux livres à paraître et il fait allusion à La Gloire de Camille « (adaptation en projet de [s]on livre actuellement en cours d’écriture) [4] ». Le narrateur-traducteur de Vengeance du traducteur se dit lui-même dès les premières pages, « invisible », « fantôme » relégué dans l’ombre d’une « cave », jaloux de l’auteur propriétaire de l’étage supérieur.

Par définition dépendant du texte de l’auteur qu’ils commentent ou traduisent, l’éditeur critique et le traducteur se voient relégués à un rôle secondaire. Les auteurs commentés ou traduits sont célèbres et célébrés, tandis qu’eux-mêmes restent anonymes. Ils n’existent que dans l’ombre de leur auteur : « Pilaster » est le pilier qui fait tenir l’ouvrage, Abel Prote est « le premier [5] » tandis que « Grey » reste forcément dans l’ombre d’Abel Prote, « éternel Poulidor, le deuxième par vocation ou décret du destin, l’éternelle pièce rapportée [6] ». L’auteur multiplie d’ailleurs les expressions et métaphores pour qualifier la position d’infériorité du traducteur :

je suis – c’est bien connu – l’humble artisan, le travailleur de l’ombre, le mineur de fond piochant dans l’obscurité de sa galerie, avec pour seule lumière ses dictionnaires, pour seul outil sa sagacité, pour uniques objectifs la fidélité et le labeur quand l’infidélité et la paresse sont les deux mamelles de la fiction ! La taupe creuse ses galeries souterraines, l’autre là-haut parade et se pavane devant son parterre d’admiratrices et de flatteurs [7].

Pour se donner une légitimité, Marc-Antoine Marson insiste sur son lien avec Pilaster, comme s’il était le seul à pouvoir éditer et commenter son œuvre : « J’ai bien connu Thomas Pilaster. Nos relations remontent à l’enfance [8] ». Il prétend même avoir exercé « une influence bénéfique sur son œuvre dès l’origine en critiquant sévèrement ses premiers poèmes [9] ».

Commentateur ou traducteur doivent se contenter de la marge du texte. L’éditeur critique est voué à ne s’exprimer que dans le péritexte (préfaces, notes, Chronologie, etc) ou dans les choix opérés sur le texte (omissions, variantes). Le traducteur est lui aussi censé se cantonner aux notes du traducteur et à l’espace qui lui est réservé :

*Je loge ici sous cette fine barre noire. Voici mon lieu, mon séjour, ma tanière. Les murs sont blancs, puis couverts de nombreuses lignes de minces caractères noirs, comme une frise irrégulière, un papier peint changeant. Bienvenue à toi, cher lecteur, franchis donc le seuil de mon antre. […] Dans ce modeste espace je joue des coudes. J’empile ces lignes pour que ma cave ne soit pas un cercueil, ma soute un tombeau [10] .

Leur velléité de prendre le pouvoir apparaît dans l’inversion de l’importance relative entre texte et paratexte. Dans L’Œuvre posthume de Thomas Pilaster , les textes inédits publiés sont assez courts et la notice qui les introduit est parfois aussi longue. Le livre s’ouvre sur dix pages de préface, trois de notes sur l’édition, quatre de notice avant que le lecteur puisse lire le premier texte de Pilaster. Dans Vengeance du traducteur , le tournant du roman au chapitre 12 voit le narrateur-traducteur réussir enfin à passer de l’autre côté de la ligne noire : « C’est fait. […] Je fais le pas et franchis la barre pour m’envoler à mon tour. […] J’abandonne derrière moi l’astérisque inférieur à son triste sort, pour bondir sans regret vers son double supérieur [11] » . La rivalité du critique et du traducteur avec leur auteur débouche sur la vengeance, à la fois personnelle et textuelle.


Vengeance du lettré


Comme le titre d’un de nos romans le suggère, la fiction met en scène la volonté de ces artisans au service du texte de prendre leur revanche, voire d’exercer une implacable vengeance sur les artistes qu’ils éditent ou traduisent. Les romans jouent d’une dramatisation romanesque de la rivalité exacerbée entre auteur et critique, auteur et traducteur.

Cette rivalité se joue sur plusieurs plans : sentimental, personnel et professionnel. Marson est amoureux de la compagne de Pilaster, Lise Combes, « intelligente et belle comme nulle combinaison de mots ne saurait le dire [12] ». Dans Vengeance du traducteur, le traducteur David Grey séduit Doris Night, la secrétaire d’Abel Prote, qui le quitte à son tour pour finir dans les bras du narrateur-traducteur. Séduit, ce dernier se permet d’ailleurs de donner plus de chair à ce personnage féminin dans le roman qu’il traduit :

Le personnage de Doris, « servante au grand cœur » et secrétaire particulière d’Abel Prote, me semble insuffisamment développé. Je prends donc la liberté de l’étoffer (sans bien sûr demander son avis à l’auteur qui, décidément, manque de jugeote, reste un peu sec et cul pincé) [13] .

Plusieurs notes suggèrent que Marson voit dans l’édition de ces textes médiocres un moyen de revanche contre un Pilaster qui l’a souvent raillé voire humilié, le considérant comme un mauvais poète. Le narrateur-traducteur a lui aussi une revanche à prendre sur les auteurs en général, sur celui qu’il traduit en particulier qui lui envoie de multiples instructions pour orienter sa traduction et sur son double dans le roman Abel Prote. En effet, ce dernier semble mépriser le rôle du traducteur qu’il qualifie de dumbwaiter, mot qui littéralement signifie « serviteur muet » mais qui qualifie en anglais un passe-plat : « Comparer le traducteur à un serviteur muet, un monte-charge, un passe-plat ou une desserte, voilà qui me met hors de moi [14] ». 

La revanche passe par trois modes : la calomnie et la dénonciation des travers de l’auteur, la déformation du texte, le meurtre symbolique et réel de l’auteur. Éditeur et traducteur entreprennent de dénigrer l’homme et son œuvre. Marson écrit ainsi, dans la notice de « Conférence avec projection », pièce :

Je m’estimerais coupable de trahison si je dissimulais au lecteur le trait le plus saillant de la personnalité de mon vieil ami : non point sa lâcheté physique mainte fois avérée, non sa cupidité inouïe, non sa sécheresse de cœur, mais sa vanité, Pilaster était avant tout un être éminemment vaniteux – et je m’arrache cet aveu, je le répète, avec la conviction que ce portrait touchant servira mieux la mémoire de l’écrivain, et plus fidèlement, que sa réputation infondée d’ironiste subtil et désespéré, généreux au fond et excellent homme, colportée par quelques thuriféraires imbéciles [15].

Pour le narrateur de Vengeance du traducteur, l’auteur qu’il traduit est un menteur, un « gredin » qui « fait le bonimenteur, le camelot [16] ». Le but du recueil posthume consacré aux inédits de Pilaster semble être de faire le procès de Pilaster et de son œuvre, en instruisant à charge pour rendre enfin visible la médiocrité de son œuvre et le caractère injustifié et immérité de son succès. Il écrit, par exemple, en conclusion de la notice à son « Journal 1952 » : « Quand on sait […] ce que la gloire de Pilaster doit à sa précocité, qualifiée généralement de stupéfiante, on regrettera après examen que cette pièce inédite n’ait pas été plus tôt versée au dossier [17] ». La critique, au sens propre, se fait acerbe :

D’un bout à l’autre de sa vie, Pilaster ressasse les mêmes questions sans importance et sa phrase pareillement n’évolue guère, prisonnière de tours syntaxiques récurrents qui bien sûr aliènent aussi la pensée et l’imagination, contraintes de suivre ces filières, de passer toujours par ces mêmes chatières [18]. »

Non seulement il dénonce la médiocrité de son œuvre mais il l’accuse même de plagiat et d’imposture, prétendant d’un part qu’il a copié son propre roman et que d’autre part Lise, sa compagne, était, en réalité, le « véritable auteur [19] » de son œuvre, comme le souligne cette entrée de la « Chronologie » qui conclut le recueil : « Mort accidentelle de Lise. La médiocrité des derniers écrits de Pilaster révèle par défaut l’importance du travail accompli par celle-ci dans ses livres précédents [20] ». Dans Vengeance du traducteur, l’auteur est lui aussi accusé de plagiat. Le narrateur-traducteur supprime les premiers paragraphes du roman qu’il traduit et justifie ses coupes ainsi :

Il s’agit presque mot pour mot de la première page du premier roman écrit en anglais de Vladimir Nabokov, La Vraie Vie de Sebastian Knight. Honte à mon auteur ! … [21].

Sa prose est, en outre, qualifiée de « pataude » et son roman d’« ineptie [22] ». Le traducteur va donc se permettre de modifier radicalement le texte, bien plus qu’à la marge.

La vengeance passe, en effet, dans les deux romans par une prise de pouvoir sur le texte. L’importance démesurée donnée aux notes par rapport au texte qui finit par disparaître inverse l’ordre de dépendance entre texte et paratexte, le traducteur finissant par prendre la place de l’auteur comme l’annonçait la citation de Kafka, mise en exergue du roman :

… moi qui ne suis même pas sur le grand échiquier le pion d’un pion – une figure qui n’existe même pas, qui ne participe même pas au jeu – , je veux maintenant prendre la place de la reine, peut-être même la place du roi en personne, si ce n’est pas tout l’échiquier [23].

Au chapitre deux, intitulé « Où le traducteur allège considérablement », les notes contiennent tous les éléments supprimés du texte original dans sa traduction en français, résultat de ce qu’il qualifie lui-même de « caviardage unilatéral et systématique » pour faire en sorte que « sa prose gagne en élégance et en fluidité [24] ». Il supprime ainsi les adjectifs, les adverbes, les indications scéniques, puis toutes les comparaisons et les métaphores. À l’inverse au chapitre suivant, « Où le traducteur en rajoute », il va se permettre d’ajouter des scènes et des passages absents du texte original. Il y raconte des scènes de son enfance, un de ses cauchemars récurrents, une déclaration d’amour à Doris qu’il attribue à David Grey et insère sans vergogne des extraits de son journal intime. Marson, de son côté, censure volontairement le texte pour protéger son propre anonymat et sa réputation, commentant faussement en note « Nom illisible sur le manuscrit [25] ». Au contraire, il s’ingénie à rétablir des passages raturés par l’auteur malgré, ou plutôt à cause de leur médiocrité, la note correspondante précisant :

Mauvais jeu de mots barré, gratté sur le manuscrit, que nous avons pu déchiffrer malgré tout en laboratoire – après de vains examens au scanner – grâce au pinceau très fin du laser spécialement mis au point dans ce but par le professeur H. Opole sur notre demande. Qu’il en soit ici remercié [26].

Romanesque oblige, la vengeance va même jusqu’au meurtre de l’auteur. Dans L’Œuvre posthume de Thomas Pilaster, plusieurs indices troublants suggèrent la culpabilité de l’éditeur dans la mort brutale de Pilaster. Les précisions données par Marson sur la maniabilité de l’arme du crime, sur l’absence de trace d’effraction ou de lutte et sur la présence des seules empreintes de Pilaster et de « rares intimes [27] » ne laissent que peu de doute au lecteur. Dans Vengeance du traducteur, le narrateur exerce son ultime vengeance contre l’auteur-personnage du texte qu’il traduit en le supprimant tout bonnement de sa traduction, à l’aide du logiciel de traitement de texte.

Ces mises en fictions suggèreraient-elles l’idée que toute entreprise de critique ou de traduction supposent la mort, au moins symbolique, de l’auteur du texte, c’est-à-dire l’autorisation de s’émanciper de sa toute-puissance ? On peut alors se demander ce que cherchent à signifier ces types de fictions : sont-elles de simples parodies de la critique et de la traduction, des dispositifs anti-glose ou proposent-elles l’invention d’un nouveau genre, nourri des pratiques exégétiques.


La figure du lettré face à la création


La parodie de la critique est très présente dans l’œuvre d'Éric Chevillard et notamment dans ce roman [28]. Pilaster exprime à plusieurs reprises son hostilité envers la critique, raillant entre autres la critique biographique : « Pourquoi un écrivain serait-il plus intéressant hors de ses livres qu’un confiseur hors de sa confiserie ? (… pour clore une interview avant qu’elle ne commence) [29] ». L’humour et la parodie traversent aussi Vengeance du traducteur mais l’entreprise de traduction, contrairement à celle de la critique, n’y est pas dénigrée. Sans doute parce que l’auteur, Brice Matthieussent, est lui-même traducteur de profession et qu’il cherche plutôt à la définir, à l’aide de nombreuses métaphores, comme celle du mineur au chapitre II :

Voici donc le traducteur David Grey confronté au texte original de (N.d.T.). Il donne des coups de sonde, opère quelques prélèvements, suit les courbes de biveau, repère les lignes de plus grande pente, effectue forages, carottages, relevés et tracés, il tâtonne à la recherche des structures géologiques enfouies, du bon angle d’attaque et du « placement » adéquat comme on dit dans certains sports. Pour lui le texte est un site minier à exploiter […] [30] .

Les deux romans mettent en place un dispositif textuel vertigineux. La forme même du roman de Chevillard semble vouloir miner à l’avance toute tentative de critique du roman, dans une sorte de piège à critiques. La médiocrité des textes est déjà soulignée à satiété par l’éditeur. Demeure cependant une certaine ambiguïté sur la valeur des textes édités puisque certains ont été réellement publiés par Chevillard dans des revues, comme la nouvelle « Trois tentatives pour réintroduire le tigre mangeur d’hommes dans nos campagnes ». Quel sens donner à l’intégration de ce texte au recueil fictif ? Signifie-t-elle le repentir de Chevillard face à un texte qu’il considère comme raté ou le « recyclage » est-il destiné à donner plus de visibilité à cette nouvelle restée confidentielle ? L’extrême mise en abîme qui compose Vengeance du traducteur fait dire au narrateur-traducteur dans l’épilogue du roman qu’il doute qu’il soit possible de traduire son texte – qui s’est finalement tellement éloigné de l’original qu’il est publié comme un roman à part entière – la traduction du texte en américain ajoutant encore « un nouvel étage [à] la fusée » [31].

Malgré l’hostilité et la rivalité que nous avons décrites, les deux romans inventent une poétique de la critique et de la traduction. Ils développent de nouvelles formes d’écriture qui jouent soit sur le paratexte (préface, variantes, notes, biobibliographie, etc.), soit sur la mise en page. Brice Matthieussent déclare avoir voulu faire du « livre un objet visuel », construit autour d’un vide central, le blanc de la page, simplement troué par l’astérisque. Il joue tout au long du roman sur la hauteur de la « ligne de démarcation ». Les frontières entre texte et paratexte, original et traduction, grâce à un jeu avec les seuils du livre, comme dans la quatrième de couverture de L’Œuvre posthume de Thomas Pilaster qui maintient l’ambiguïté, en ne révélant pas le caractère fictif de l’auteur et du recueil. De même, dans Vengeance du traducteur, la porosité visuelle entre texte et seuil symbolise le brouillage entre le réel et le fictionnel, le narrateur-traducteur finissant par rencontrer les personnages du roman qu’il traduit et entretenant même une relation avec Doris. Le roman transpose donc sur le plan fictionnel et typographique le brouillage des frontières qu’induit la tentation du commentateur ou traducteur de s’adonner lui-même à l’écriture romanesque. Dans plusieurs entretiens, Brice Matthieussent dit d’ailleurs considérer son roman comme un « roman d’initiation, ou d’apprentissage de l’écriture ». Le roman est construit autour du changement de statut du traducteur qui s’autorise à « se pren[dre] pour un écrivain [32] », en passant au-dessus de la ligne noire et en quittant la place « inférieure » à laquelle son rôle le confinait.


Nos romans mettent donc en scène d’une part l’inextricable intrication entre la vie et la littérature pour ces lettrés que sont les critiques, les éditeurs et les traducteurs, mêmes parodiés à outrance, de l’autre, la représentation fictionnelle du potentiel créatif du travail du lettré, qui après s’être consacré aux textes des autres peut à son tour s’autoriser à produire un texte, son texte. Si la vision de Chevillard reste très négative envers l’ethos de l’éditeur, lui déniant tout talent d’écrivain et le figurant comme fondamentalement malhonnête dans son jugement critique, la fiction de Brice Matthieussent ouvre au contraire la possibilité d’une émancipation du traducteur devenu auteur.


NOTES

[1] William Marx, Vie du lettré, Paris, Minuit, 2009.

[2] Éric Chevillard, L’Œuvre posthume de Thomas Pilaster, Paris, Minuit, 1999.

[3] Brice Matthieusssent, Vengeance du traducteur, Paris, POL, 2009.

[4] Chevillard, op. cit., p.135.

[5] Matthieussent, op. cit., p.31.

[6] Ibid., p.36.

[7] Ibid., p.20.

[8] Chevillard, op. cit., p.10.

[9] Ibid., p.181-182.

[10] Matthieussent, op. cit., p.1.

[11] Ibid., p.193.

[12] Chevillard, op. cit., p.9. Au-delà du cliché, on entend dans cette phrase l’aveu d’impuissance d’un critique qui se rêve écrivain mais se révèle incapable de dire la beauté.

[13] Matthieussent, op.cit., p.45.

[14] Ibid., p.21.

[15] Chevillard, op. cit., p.111.

[16] Matthieussent, op. cit., p.20.

[17] Chevillard, op. cit., p.26.

[18] Ibid., p.18.

[19] Ibid., p.94.

[20] Ibid., p.186.

[21] Matthieussent, op. cit., p.32.

[22] Ibid., p.33.

[23] Franz Kafka, Lettre à Milena Jesenka, à propos de la Lettre au père.

[24] Matthieussent, op. cit., p.33.

[25] Chevillard, op. cit., p.48.

[26] Ibid., p.51.

[27] Ibid., p.187.

[28] On peut notamment citer Démolir Nisard (Paris, Minuit, 2006), où il s’en prend au critique littéraire français du XIXe siècle, Désiré Nisard.

[29] Chevillard, op. cit., p.150.

[30] Matthieussent, op. cit., p.40.

[31] Ibid., p.309.

[32] Ibid., p.309.


POUR CITER CET ARTICLE

Claire Maussion, « Notes du Traître : figures du critique et du traducteur dans le roman contemporain », Les Cahiers du Ceracc, nº 6, juillet 2013 [en ligne]. URL : http://www.cahiers-ceracc.fr/maussion.html [Site consulté le DATE].

À partir de deux romans français contemporains, L’Œuvre posthume de Thomas Pilaster et Vengeance du traducteur, cet article étudie la mise en fiction de la rivalité entre auteur, critique et traducteur. Après avoir décrit la position marginale de ces personnages, nous montrerons comment ces romans jouent du romanesque du désir de vengeance. Au-delà de la parodie, ces romans nous interrogent sur les potentialités poétiques et créatrices de l’écriture du lettré, cette écriture de la marge qui cherche à s’émanciper du texte dont elle dépend pour prendre son envol et s’autoriser la fiction.

Éditeur et traducteur, des personnages à la marge
Vengeance du lettré
La figure du lettré face à la création

Claire Maussion est ancienne élève de l'ENS de Lyon, agrégée de lettres modernes et doctorante en littérature comparée à l'université Paris Ouest Nanterre La Défense. Son travail de thèse, engagé sous la direction de William Marx, s'intéresse aux « fictions d'éditeur ». Elle interroge plus précisément la mise en fiction de l’acte éditorial, critique et philologique dans le roman européen et américain du XVIIIe au XXIe siècle.











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